La faillite de l’Argentine paraît mystérieuse à tous les touristes et voyageurs qui se rendent dans ce beau et grand pays. L’histoire nous donne quelques clefs pour comprendre ce qui se passe aujourd’hui, sans doute mieux que la psychanalyse ici si répandue. L’Argentine n’est pas une colonie espagnole comme les autres. Son histoire n’est en rien comparable à celle du Pérou ou du Mexique, mais bien plutôt à celle des Etats-Unis. Terre sauvage et oubliée, car ne possédant pas de mines ou de plantations de canne à sucre ou de café, et donc inintéressante, ce bout du monde austral ne connut pendant longtemps que les voleurs de chevaux et de vaches du sud du Brésil qui sont à l’origine des « gauchos ». Des Portugais, Hollandais, Français, Espagnols croisaient à l’embouchure de ce qu’on crut bien être un passage maritime vers la Chine. El rio de la Plata… Au XVIIIe siècle, la cour d’Espagne décida de changer la route de l’argent (La plata) et de la faire descendre le long des rivières et embarquer depuis Buenos Aires qui remplaça peu à peu Cartagena de Las Indias. Dans un second temps, à la fin du siècle, la vice royauté fut transportée de Santiago à Buenos Aire , capitale de ce nouveau territoire de l’argent… l’Argentine ! On lui adjoignit les provinces du nord-ouest autour de Cordoba qui, elles, étaient d’antiques colonisations hispaniques. Cela a engendré l’inimitié héréditaire des Chiliens dépossédés et un air de mépris des familles de Cordoba envers ces nouveaux riches de Buenos Aires. La révolution et la création de la république argentine en 1810 suivit donc celle des Etats Unis. Son développement au XIXe siècle fut assez identique : guerre à outrance contre les Indiens pour conquérir le sud et la Patagonie jusqu’à la cordillère des Andes et la terre de Feu, fédération d’états, arrivée de millions de colons étrangers, espagnols, italiens, surtout, anglais, français – basques principalement – allemands et suisses. L’invention de la réfrigération permit le transport de la viande et assura au pays une immense richesse dès la fin du XIXe siècle. Mais des guerres, des conflits internes, des révolutions ont ensanglanté et déchiré inutilement le pays qui, des plus riches de la planète est devenu membre du tiers monde. Je pense que le péronisme, mélange de social, de populisme, de nationalisme, avec son action syndicale et réactionnaire à la fois, a tué l’économie, l’énergie du pays et mis en place une structure politique qui encourage les médiocres, les arrivistes et la corruption généralisée. Archibaldo Lanus, ancien ambassadeur d’Argentine à Paris, n’est pas de cet avis, il prépare un ouvrage sur ce qu’il appelle la fracture argentine. Son pays, selon lui, a cru et croit toujours à son destin d’être les Etats-Unis du sud de l’Amérique. Mais la fracture est politique, il a fallu 50 ans pour adopter enfin une constitution, de nombreuses guerres civiles et des luttes sans merci entre partisans de la constitution unitaire et fédéraux, gens des villes et gens des campagnes. Ce qui a déstabilisé tous les gouvernements successifs et entraîné une méfiance envers tout ce qui est public, l’administration et la classe politique. C’est la mentalité de la rue aujourd’hui, à quoi bon ? Pourquoi faire ? Tous des pourris… qui sont pourtant toujours réélus ! L’amour de la nation, du drapeau est pourtant très fort. Et le sens d’un destin particulier aussi. C’est ce en quoi les Argentins rejoignent les Français.
dimanche 12 octobre 2008
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1 commentaire:
Quel défilé de lieux communs.Ce n'était pas la peine d'écrire!
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