C’est avant le dîner, cela dure une heure et quart, au centre de Paris, dans une cave d’époque, c’est un one woman show qui nous parle d’amour, de sexe, de maladies, de mort, de trahison, des enfants, de la famille, des souvenirs… bref de la vie… sauf qu’il s’agit d’une princesse du XVIIe siècle devenue la belle sœur du Roi des rois, Louis XIV, le « grand homme » comme elle l’appelle, Louise-Charlotte, dite Liselotte, fille de l’Electeur palatin du Rhin, branche cadette de la maison de Bavière, S.A.R. la duchesse d’Orléans, Madame. Surnommée la princesse palatine elle est l’épouse de Monsieur, Philippe, duc d’Orléans, frère puîné du Roi. Ce Monsieur-là a le « goût italien » et donc passer ses nuits avec une laide et grosse princesse allemande n’était pas une partie de plaisir. Il promenait son scapulaire partout pour obtenir des miracles… il y en eut plusieurs, dont le Régent et toute la famille d’Orléans jusqu’à nos jours… Bref, Monsieur a des mignons, et comme dit Madame, à l’imitation d’Alexandre et de Jules César, dont le fameux chevalier de Lorraine qui a sans doute empoisonné la première Madame, celle du « Madame se meurt, Madame est morte » de Bossuet. Il anime la cour contre la princesse palatine, entichée de généalogie, mais bonne, simple, remplie de bons sens, aimant la pâtisserie et la soupe à la bière : elle est un peu amoureuse de son beau-frère et déteste la Maintenon qu’elle traite de tous les noms d’oiseaux. Reléguée dans ses appartements pour son franc-parler, elle a beaucoup de temps pour écrire à toute sa nombreuse famille allemande, nous laissant ainsi une des chroniques les plus épicées et vraies de la cour de Louis XIV. De ces milliers de lettres, Jean-Claude Seguin a cousu main un texte d’extraits bien choisis, alertes, variés, nous soufflant le chaud et le froid… et on y croit, on y est, par la magie du théâtre et de la comédienne Marie Grudzinski qui nous donne du plaisir à revendre. Elle est drôle, émouvante, truculente, avec son accent allemand, ses tenues et ses coiffures ; nous sommes dans son cabinet, dans son lit, son carrosse, à la chasse, avec le roi, avec le duc de Vendôme sur sa chaise percée, on rit franchement, on grimace, on pleure, le grand siècle défile devant nous… c’est un spectacle intelligent, c’est l’histoire racontée, courrez-y, emmenez vos ados et lisez les Lettres de la Palatine en sortant !
Palatine, avec Marie Grudzinski, mise en scène de Jean-Claude Seguin, Théâtre de Nesle, 8, rue de Nesle, Vie, à 19 h 30, jusqu’au 27 décembre.
Lettres de la Princesse Palatine, édition d’Olivier Amiel, Mercure de France, Collection Le temps Retrouvé.
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