mardi 3 février 2009
Venise, nouveau lieu incontournable des éditeurs
Quel est le lieu où l’on parle livres entre libraires, éditeurs et distributeurs de façon unique au monde ? La fondation Cini, dans l’île de San Giorgio, à Venise, la dernière semaine de janvier depuis 25 ans, à l’occasion du cours de perfectionnement de l’école des libraires italiens, la «Scuola per librai Umberto et Elisabetta Mauri ». Cette initiative formidable, au moment où partout ferment les librairies, donne pendant un an une formation continue aux jeunes libraires dans toutes les régions d’Italie, leur permettant d’accroître ainsi leur capacité de réflexion et de décision.
La session de fin de cours se déroule donc annuellement à Venise et réunit autour d’eux, outre des libraires, de nombreux éditeurs internationaux, des auteurs, des intellectuels, économistes et sociologues… Fondée en 1983 par Luciano Mauri, qui dirigeait le groupe des Messageries italiennes, elle porte le nom de sa fille Elisabetta, trop tôt disparue et de son père Umberto, président de l’association des Libraires d’Italie, marié à la sœur du grand éditeur milanais Valentino Bompiani. Cette rencontre est devenue un des points incontournables du monde du livre. Les Français pour dire vrai boudent un peu cette organisation très soutenue par les Allemands, sans doute grâce à Inge Feltrinelli, qui préside aux destinées de la maison d’édition Feltrinelli et dont la présence active est un rayon de soleil tous les ans : les plus grand éditeurs allemands de Rowohlt à Bertelsmann s’y sont succédés. Cette année, les Anglais étaient à l’honneur pour examiner l’évolution du marché anglais depuis la rupture du "Net book agreement" : pour les libraires c’est catastrophique : de même qu’on ne trouve plus de viande que dans les supermarchés, il n’y a presque plus de librairies indépendantes, que des chaînes dans une ambiance de compétitivité accrue et féroce… Umberto Eco, grand habitué de ces rencontres en ami de la maison, enthousiasma le public par son propos sur la fragilité des supports de l’écriture depuis l’antiquité et lui qui nous avait vanté la force et les capacités du cd-rom en 1991 fut obligé de reconnaître sa mort programmée ; tout en regrettant que la disparition des appareils de lecture nous empêchent de connaître réellement la durée de vie de ces procédés.
Après sa sœur Silvana Ottieri, amie de Pasolini, c’est Achille Mauri, adossé au groupe familial Mauri Spagnolo, deuxième groupe éditorial italien, qui préside maintenant aux destinées de la «Scuola per librai ». Editeur d’art – c’est lui qui a, le premier, publié Umberto Eco et les collectionneurs se disputent ses catalogues de Fontana !- voyageur, cinéaste, producteur, collectionneur et mécène, c’est un entrepreneur de la renaissance italienne qui donne à ces réunions le ton d’une rencontre amicale. Car lors des foires et salons comme Francfort, Bologne ou Londres, les éditeurs ne font que du business, dans une course contre la montre de rendez vous et de signatures de contrats. A Venise, ils prennent le temps de connaître et rencontrer les autres éditeurs, de savoir comment ils raisonnent et fonctionnent, de nouer des contacts, de tisser des liens d’amitié. Et, à cette occasion, il entreprennent également des négociations d’affaires et des partenariats qui font des rencontres de Venise un lieu désormais incontournable.
L’année prochaine, la France sera invitée sur le thème de l’édition numérique : comment résister à Google et créer une plateforme commune d’éditeurs européens. Beau sujet à ne pas manquer….
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1 commentaire:
Plutot que de resister il faut mieux faire de la coo petitio avec Google!
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