lundi 2 mars 2009

Le salon du livre de Casablanca





Il est de bon ton de dire dans l’édition à Paris que le livre se porte mal, que les retours des libraires de janvier ont été très importants, que le beau livre est atteint, que La Martinière prépare un énorme plan social…et pourtant le quinzième Salon International de l’Edition et du livre de Casablanca (SIEL) vient de se dérouler dans une atmosphère de fête populaire. Certes les problèmes sont là et pour le Maroc surtout celui des prix des livres : beaucoup d’éditeurs ou de libraires représentant des éditeurs étrangers proposent des livres à prix spécial sur lesquels se ruent les acheteurs. Des jeunes principalement, beaucoup de jeunes, en bandes, en famille ou avec leur école, parcourent les stands à la recherche de livres en arabe ou en français. Le monde arabophone est très présent même s’il y a une volonté manifeste de limiter les éditeurs religieux nationaux, iraniens, syriens ou égyptiens. L’Algérie et le Liban sont bien représentés. Le pays invité cette année était le Sénégal qui entraînait des pays voisins et renforçait l’aspect francophone. La France entretient au Maroc un des plus importants services culturels du monde, en plus du réseau d’Instituts et d’Alliance françaises. Elle disposait d’un grand stand avec des allures de paquebot. Cette année Antoine de Saint-Exupéry était à l’honneur pour célébrer l’aviateur écrivain et le Maroc dans sa vie et son inspiration. C’est le pays où il a le plus vécu après la France, avant les Etats-Unis ou l’Argentine. Il y a écrit « Courrier sud » et la « Lettre au général X… », rencontré le désert si présent dans «Terre des Hommes », « Citadelle », et « Le petit prince ». Le désert a été le révélateur de sa pensée. Selon Jean Huguet : « Il ne s’y est point rendu de lui–même, il a été choisi ». Des expositions et des films lui étaient consacrés, tant au salon même qu’à l’Institut culturel français ainsi que des conférences et tables rondes. On pouvait y rencontrer Bernard Chabbert, le grand journaliste spécialiste de l’aviation, l’historien François Gerber, auteur du remarquable « Saint Exupéry de la rive gauche à la guerre » qui nous prépare un « Mermoz », Alban Cerisier, des éditions Gallimard ou le traducteur du petit Prince en langue berbère. Une adaptation théâtrale du « Petit Prince » par Virgile Nastase et les diverses animations proposées enthousiasmèrent beaucoup ces jeunes. Mais les visiteurs du stand « France » furent également très intéressés par Pierre Assouline et son blog littéraire, et le prix Goncourt 2008, Atiq Rahimi remporta un véritable succès de librairie autour d’un vaste public. Casablanca est une ville nostalgique et mythique qui n’a pas un siècle. Dans la vieille Médina on trouve toujours les meringues rouges décrites par Saint-Exupéry à Charles Sallès, et dès qu’on en sort on est frappé par cet urbanisme « art nouveau », cette volonté de faire une ville moderne qui amène ici les architectes du monde entier. Pourtant ce patrimoine est absolument laissé à l’abandon, des destructions le menacent continuellement. C’est un passé colonial qu’on voudrait sans doute oublier. Des hommes et des femmes passionnés se battent cependant pour tenter de le préserver et le faire connaître. Certains ont collaboré au beau livre de Jean-Louis Cohen et Monique Eleb « Casablanca, mythes et figures d’une aventure urbaine » chez Hazan. On y retrouve l’hôtel Excelsior où descendaient les pilotes de l’aéropostale et son célèbre café, l’immeuble du Glaoui, rue Noly où habita « Saint-Ex » avec Consuelo en 1933… mais en face un immeuble entier vient de s’écrouler dans la plus grande indifférence. Espérons que ce patrimoine de livres aidera à sauver le patrimoine architectural de cette ville unique au monde.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

merci de ce message vous avez toujours la profonde envie de faire connaitre votre ancêtre et j'en suis vraiment très fière car pour notre époqueses textes sont d'actualiyés et à méditer pour l'avenir la grandeur d'un métier est d'unir des hommes ?

Frédéric d'Agay a dit…

Oui "Saint-Ex" est vraiment le philosophe du lien comme l'appelait son ami Léon Wencelius... parmi ses textes à méditer cette lettre sur "la termitière future m'épouvante"... elle n'est plus future nous sommes dans la termitière....