Les dîners en ville ne bruissent que de cette interrogation : Denis Olivennes sera-t-il le prochain secrétaire d’état à la culture de Xavier Darcos qui réclame ce rattachement à Nicolas 1er ? Mme Albanel aurait-elle du démissionner après sa lettre de mission ? C’est la question que l’on pose en montant l’escalier de l’opéra comique pour le spectacle de la saison « Cadmus et Hermione » de Lully où tout le snobisme parisien se presse – le chic étant de ne pas payer sa place surtout si on vient de Puteaux comme belle sœur du sous-sous-chef de cabinet - tant on s’est ennuyé partout au premier trimestre. Enfin du nouveau, des décors et machineries du temps, une gestuelle baroque reconstituée, un « vieux françois » parlé en roulant les « r » et en prononçant toutes les lettres comme « ceusses » là, qui déroute et n’est pas toujours convainquant ! Et surtout, un esprit de troupe, frais comme une bise d’hiver qui mêle la danse, la comédie et le chant… pas de stars, des professionnels qui s’amusent et nous amusent. On avait l’impression d’être assis derrière Louis XIV à la création de 1674. Merci Vincent Dumestre !
La même ambiance pour « Le carnaval et la folie » de Cardinal des Touches compositeur oublié du XVIIIe siècle, fraîcheur, troupe de jeunes talents malgré une musique qui n’est pas inoubliable et un très vilain décor ! Bravo à l’opéra comique qui reprend enfin son rôle de salle de découvertes, de re-découvertes. À l’opposé, l’exposition « Allemagne, les Années noires » qui vient de se terminer au musée Maillol nous plongeait dans l’expressionnisme allemand. Les cartes postales dessinées de Otto Dix de la guerre de 14 valent mieux qu’un long discours sur la paix et la guerre. Mais on ne pouvait s’empêcher de penser que pendant ces années noires pour l’art allemand, ici c’était Matisse, Picasso, Braque ! Où est l’âme allemande ? Elle est à l’opéra Bastille dans « La femme sans ombre » de Strauss … et non pas « Une femme, une chatte » comme traduisent les mauvais germanistes dont je suis… mis en scène par Wilson, rare moment où tout était au même niveau, la musique, la fosse, la scène, le chant, les décors, la lumière. Cette merveilleuse ambiance du monde surnaturel opposé aux humains, la force de l’amour, on la retrouve aussi dans « La petite Catherine de Heilbronn » de Kleist à l’Odéon/ateliers Berthier. Victoire de l’amour, du rêve et des dieux, mais hélas contrairement à l’opéra comique, diction affreuse des acteurs : le comte von Strahl s’écrie plusieurs fois, C’éééé elle, c’ééé elle au lieu de c ‘est t-elle … on finit par ne plus entendre ni comprendre le texte. La séduisante Anna Mouglalis fait le succès médiatique de cette pièce, mais si elle est bellisssime dans sa robe rouge et elle crie beaucoup d’une voix mal posée… mise en scène à l’opposé de ce que Kleist veut nous dire, décor et lumières somptueux.
Au théâtre de la Colline, le spectacle était dans la salle venue rire à la pièce de Feydeau, un vrai théâtre populaire, avec des familles, des gens du quartier, des seniors qui n’y vont jamais, il fallait les voir se décrocher la mâchoire et écouter les commentaires… on riait plus encore de ce spectacle que des tirades de Feydeau…les cocus sont éternels ! Revoir Courbet avant la fermeture de l’exposition du grand Palais était un must, mais valait mieux avoir son petit Sésame. Je ne me lasse pas du « Bonjour M. Courbet » ou de « la Mer à Palavas », qui nous renvoient au Musée Fabre de Montpellier qui a peut-être le plus beau fonds de ce peintre et des paysagistes du XIXe siècle. Grâce au collectionneur Alfred Bruyas dont les portraits nous renvoient le roux de sa chevelure et de sa belle barbe . Il faut courir voir ce musée ré ouvert, la plus grande réussite française de ces dernières années … le contraire du musée Granet d’Aix, un mort-né… Il y avait beaucoup moins de monde aux dessins de Polidoro da Caravaggio au Louvre, élève de Raphaël que j’avais découvert cet été à Messine, où il termina sa vie. Petites figures féminines qui atteignent à la suavité du Corrège ou à la grâce de Beccafumi . Des sanguines exceptionnelles, accompagnés de commentaires de Vasari.
Pour terminer ce dimanche, le concert d’orgue de Jean Guillou à Saint-Eustache nous fait entendre le maître dans les préludes et fugues, et sonate de Bach. Dans cette interprétation, comme dans les improvisations au cours de la messe qui suivit, Jean Guillou est très serein, très clair dans sa vision de Dieu et du ciel, très rassurant… on est loin de Napoléon le petit et du mieux disant culturel !
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