En cette première soirée du festival de Cannes, au bout de la jetée du Carlton, la vue sur la rade, les yachts et les îles fait penser à une autre agitation de bateaux plus guerrière, il y a près de 400 ans en ces mêmes eaux…
La guerre de 30 ans entre la France et l’Espagne faisait rage. Si nous étions souvent les meilleurs sur terre, la suprématie maritime des Espagnols se manifesta avec une grande vigueur en 1635 quand ils s’emparèrent des Iles de Lérins, ce qui compromettait grandement la sécurité de la Provence et mit fort en colère le cardinal de Richelieu, premier ministre. Cette conquête, mineure en soi, les deux îles de Sainte Marguerite et Saint Honora font à peine quelques hectares, donnait en fait à la flotte combinée des Espagnols et des Génois une escale toute trouvée sur les côtes provençales, entre Barcelone et Gènes, pour une tête de pont d’une descente en Provence, pour faire « aiguade », c’est à dire le ravitaillement en eau de vaisseaux et des galères, et un abri sur pour les bateaux espions, les porteurs de courriers et de dépêches, et autres brigantins et felouques de Sa majesté Très Catholique.
Mais voilà, la France n’ayant pas ou prou de marine, elle était incapable de reprendre ces îlots à trois encablures de la terre ! Ils ne dépendait pas de Cannes comme aujourd’hui mais c’est Cannes qui dépendait de l’abbé de Lérins, seigneur de Cannes, et de tous les villages environnants, et dont le château domine encore la vieille ville où les festivaliers n’ont pas le temps de s’aventurer, ce qu’on appelle aujourd’hui le Suquet. Lérins a été fondé au début du 5ième siècle par Saint Honorat qui établit là la première communauté chrétienne du monde occidental.
L’abbaye a été pendant plusieurs siècles « l'université », le centre de formation des papes, des saints et des missionnaires de l’Eglise. Les restes de l’abbaye fortifiée par les Bénédictins au Moyen âge ont résisté aux assauts et conquêtes des Sarrasins, Barbaresques et autres Espagnols. C’est un des plus beaux édifices de Provence et un témoignage historique et spirituel de première importance. Les Cisterciens le conservent aujourd’hui dans un paysage inchangé depuis des millénaires, une espèce de petit Mont Athos français… Richelieu donc, furieux, ordonna au maréchal de Vitry, gouverneur de Provence de fortifier la côte provençale et de préparer la reconquête. Il fit assembler les Etats de Provence à Fréjus en février 1636 « Il y représentèrent, dit un chroniqueur du temps, avec tant de succès la honte et le préjudice qu’il y aurait de souffrir plus longtemps les Espagnols si proches d’eux, que les députés accordèrent librement au Roi une somme de douze cents mille livres pour subvenir aux frais de cet armement » d’une armée navale sous les ordres du comte d’Harcourt, du corps de Galères, dont le général était le neveu du cardinal, Pontcourlay, et une armée confiée à Mgr de Sourdis archevêque de Bordeaux.
Le ban et l’arrière ban de la noblesse Provençale vint à Cannes apporter son concours. Tout ce bel état major était dans l’inaction à Cannes pendant l’hiver 1636-37 à cause des querelles personnelles des quatre commandants. Le maréchal de Vitry alla même jusqu’à casser sa canne sur la tête de Mgr de Sourdis… qui irritait tout le monde. Les Espagnols eurent le temps de fortifier les îles et d’amener des troupes. Il fallut attendre le printemps 1637 et la peur de Richelieu qui avait ordonné de recouvrer les îles « à quelque prix que ce fut » pour que le comte d’Harcourt dirige une attaque victorieuse. Richelieu jura qu’on ne l’y prendrait plus et décida de construire une flotte enfin digne de la France. On peut dire que le véritable début de la marine française s’est joué devant Cannes.
La guerre de 30 ans entre la France et l’Espagne faisait rage. Si nous étions souvent les meilleurs sur terre, la suprématie maritime des Espagnols se manifesta avec une grande vigueur en 1635 quand ils s’emparèrent des Iles de Lérins, ce qui compromettait grandement la sécurité de la Provence et mit fort en colère le cardinal de Richelieu, premier ministre. Cette conquête, mineure en soi, les deux îles de Sainte Marguerite et Saint Honora font à peine quelques hectares, donnait en fait à la flotte combinée des Espagnols et des Génois une escale toute trouvée sur les côtes provençales, entre Barcelone et Gènes, pour une tête de pont d’une descente en Provence, pour faire « aiguade », c’est à dire le ravitaillement en eau de vaisseaux et des galères, et un abri sur pour les bateaux espions, les porteurs de courriers et de dépêches, et autres brigantins et felouques de Sa majesté Très Catholique.
Mais voilà, la France n’ayant pas ou prou de marine, elle était incapable de reprendre ces îlots à trois encablures de la terre ! Ils ne dépendait pas de Cannes comme aujourd’hui mais c’est Cannes qui dépendait de l’abbé de Lérins, seigneur de Cannes, et de tous les villages environnants, et dont le château domine encore la vieille ville où les festivaliers n’ont pas le temps de s’aventurer, ce qu’on appelle aujourd’hui le Suquet. Lérins a été fondé au début du 5ième siècle par Saint Honorat qui établit là la première communauté chrétienne du monde occidental.
L’abbaye a été pendant plusieurs siècles « l'université », le centre de formation des papes, des saints et des missionnaires de l’Eglise. Les restes de l’abbaye fortifiée par les Bénédictins au Moyen âge ont résisté aux assauts et conquêtes des Sarrasins, Barbaresques et autres Espagnols. C’est un des plus beaux édifices de Provence et un témoignage historique et spirituel de première importance. Les Cisterciens le conservent aujourd’hui dans un paysage inchangé depuis des millénaires, une espèce de petit Mont Athos français… Richelieu donc, furieux, ordonna au maréchal de Vitry, gouverneur de Provence de fortifier la côte provençale et de préparer la reconquête. Il fit assembler les Etats de Provence à Fréjus en février 1636 « Il y représentèrent, dit un chroniqueur du temps, avec tant de succès la honte et le préjudice qu’il y aurait de souffrir plus longtemps les Espagnols si proches d’eux, que les députés accordèrent librement au Roi une somme de douze cents mille livres pour subvenir aux frais de cet armement » d’une armée navale sous les ordres du comte d’Harcourt, du corps de Galères, dont le général était le neveu du cardinal, Pontcourlay, et une armée confiée à Mgr de Sourdis archevêque de Bordeaux.
Le ban et l’arrière ban de la noblesse Provençale vint à Cannes apporter son concours. Tout ce bel état major était dans l’inaction à Cannes pendant l’hiver 1636-37 à cause des querelles personnelles des quatre commandants. Le maréchal de Vitry alla même jusqu’à casser sa canne sur la tête de Mgr de Sourdis… qui irritait tout le monde. Les Espagnols eurent le temps de fortifier les îles et d’amener des troupes. Il fallut attendre le printemps 1637 et la peur de Richelieu qui avait ordonné de recouvrer les îles « à quelque prix que ce fut » pour que le comte d’Harcourt dirige une attaque victorieuse. Richelieu jura qu’on ne l’y prendrait plus et décida de construire une flotte enfin digne de la France. On peut dire que le véritable début de la marine française s’est joué devant Cannes.
1 commentaire:
Quelle belle histoire.Pourquoi les
media ne font ils pas aussi un peu
d'histoire.
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