L’histoire de la Pologne est passablement tragique comme chacun sait. Aux confins de la Prusse protestante, de la Russie Orthodoxe et de l’empire Ottoman musulman, trois puissances conquérantes, ce pays catholique, république aristocratique et royauté élective a su se maintenir coûte que coûte, malgré les invasions, les frontières fluctuantes et les drames.
Celui de la dernière guerre mondiale, ses origines et ses conséquences, n’est pas encore lavé. L’invasion simultanée de la Pologne par les armées, allemande le 1er septembre, et soviétique le 17 septembre 1939, l’abandon par la France et l’Angleterre a entraîné la défaite de l’armée polonaise. 230.000 soldats et 18.000 officiers sont faits prisonniers par les Russes à la fin du mois de septembre. Les officiers sont gardés dans des camps de rétention qui ne respectent pas la convention de Genève, dont la Russie soviétique n’était pas signataire. Staline ordonna leur mort. Environ 15.000 officiers de tout rang dont 12 généraux furent exécutés dans la forêt de Katyn (actuelle Biélorussie) au printemps 1940. Beaucoup étaient des officiers de réserve, l’élite de la nation polonaise, des ingénieurs comme des artistes, tous fiers de servir le drapeau polonais.
C’est cette histoire que raconte le dernier film de Wajda dont la présentation vient d’être faite à Paris. Le cinéaste âgé de 82 ans nous livre là un très beau film, très dur, qui nous laisse blême. Il est tourné avec une grande pudeur et une grande intelligence. On a rien vu de ces massacres terribles et on s’achemine vers la fin du film et le début du communisme, en pensant qu’on ne verra rien ! Avec les Polonais de l’époque nous vivons la découverte macabre par les Allemands en 43, le retour des survivants et la litanie des listes des morts par haut parleur sur la place de Cracovie en 44, puis les récits, enfin la vérité toute nue grâce au carnet d’un officier rendu à sa veuve. L’horreur soviétique. Mais cette vérité est étouffée par les Russes qui refusent leur responsabilité et font endosser officiellement le massacre par les armées allemandes. Ce que l’occident a accepté et endossé ! Les Polonais après avoir subi les exactions et pressions allemandes doivent subir celles des Russes et des nouveaux partisans communistes. La trahison des Alliés n’est pas tant celle de 39 c’est celle de 44, de ne pas avoir porté secours en priorité à la Pologne et la faire échapper au joug russe. Dans cette nouvelle Pologne « libérée » le pays doit se reconstruire, c’est le plus important. Non, disent certains, la résistance doit guider notre action. Très beau dialogue entre deux sœurs dans les deux camps opposés. La ralliée dit à celle qui refusera de signer la déclaration reconnaissant que leur frère a été tué par les Allemands :
-Tu choisis le camp des morts, c’est sordide !
-Non, réponds la résistante, je choisis celui des assassinés pas celui des assassins. Tout le problème de cette occupation communiste est posé.
Ce film nous livre aussi de belles figures de femmes comme la veuve d’un général qui tient tête aux Allemands, joué par la belle Danuta Stenka. On menace de l’envoyer à Auschwitz et de garder sa fille si elle n‘enregistre pas un témoignage à la radio de la propagande allemande… Elle est obligée de regarder un film tourné par les Allemands lors de la macabre découverte de Katyn.
La fin est sublime dans l’horreur car elle a les dimensions du dernier acte du Dialogue des Carmélites de Poulenc. De même que les religieuses chantent en allant à la guillotine jusqu’à ce qu’il n’y ait plus qu’une voix, les officiers sortant des camions noirs de la mort récitent leur Notre Père. Wajda les filme chacun disant une phrase de ce Notre Père ainsi reconstitué. L’émotion nous gagne, et un peu de honte aussi. Il faut espérer que ce film soit distribué en France au plus vite. Il fera plus pour la connaissance de la Pologne moderne que cent discours. C’est aussi comme cela que se fera l’Europe.
Celui de la dernière guerre mondiale, ses origines et ses conséquences, n’est pas encore lavé. L’invasion simultanée de la Pologne par les armées, allemande le 1er septembre, et soviétique le 17 septembre 1939, l’abandon par la France et l’Angleterre a entraîné la défaite de l’armée polonaise. 230.000 soldats et 18.000 officiers sont faits prisonniers par les Russes à la fin du mois de septembre. Les officiers sont gardés dans des camps de rétention qui ne respectent pas la convention de Genève, dont la Russie soviétique n’était pas signataire. Staline ordonna leur mort. Environ 15.000 officiers de tout rang dont 12 généraux furent exécutés dans la forêt de Katyn (actuelle Biélorussie) au printemps 1940. Beaucoup étaient des officiers de réserve, l’élite de la nation polonaise, des ingénieurs comme des artistes, tous fiers de servir le drapeau polonais.
C’est cette histoire que raconte le dernier film de Wajda dont la présentation vient d’être faite à Paris. Le cinéaste âgé de 82 ans nous livre là un très beau film, très dur, qui nous laisse blême. Il est tourné avec une grande pudeur et une grande intelligence. On a rien vu de ces massacres terribles et on s’achemine vers la fin du film et le début du communisme, en pensant qu’on ne verra rien ! Avec les Polonais de l’époque nous vivons la découverte macabre par les Allemands en 43, le retour des survivants et la litanie des listes des morts par haut parleur sur la place de Cracovie en 44, puis les récits, enfin la vérité toute nue grâce au carnet d’un officier rendu à sa veuve. L’horreur soviétique. Mais cette vérité est étouffée par les Russes qui refusent leur responsabilité et font endosser officiellement le massacre par les armées allemandes. Ce que l’occident a accepté et endossé ! Les Polonais après avoir subi les exactions et pressions allemandes doivent subir celles des Russes et des nouveaux partisans communistes. La trahison des Alliés n’est pas tant celle de 39 c’est celle de 44, de ne pas avoir porté secours en priorité à la Pologne et la faire échapper au joug russe. Dans cette nouvelle Pologne « libérée » le pays doit se reconstruire, c’est le plus important. Non, disent certains, la résistance doit guider notre action. Très beau dialogue entre deux sœurs dans les deux camps opposés. La ralliée dit à celle qui refusera de signer la déclaration reconnaissant que leur frère a été tué par les Allemands :
-Tu choisis le camp des morts, c’est sordide !
-Non, réponds la résistante, je choisis celui des assassinés pas celui des assassins. Tout le problème de cette occupation communiste est posé.
Ce film nous livre aussi de belles figures de femmes comme la veuve d’un général qui tient tête aux Allemands, joué par la belle Danuta Stenka. On menace de l’envoyer à Auschwitz et de garder sa fille si elle n‘enregistre pas un témoignage à la radio de la propagande allemande… Elle est obligée de regarder un film tourné par les Allemands lors de la macabre découverte de Katyn.
La fin est sublime dans l’horreur car elle a les dimensions du dernier acte du Dialogue des Carmélites de Poulenc. De même que les religieuses chantent en allant à la guillotine jusqu’à ce qu’il n’y ait plus qu’une voix, les officiers sortant des camions noirs de la mort récitent leur Notre Père. Wajda les filme chacun disant une phrase de ce Notre Père ainsi reconstitué. L’émotion nous gagne, et un peu de honte aussi. Il faut espérer que ce film soit distribué en France au plus vite. Il fera plus pour la connaissance de la Pologne moderne que cent discours. C’est aussi comme cela que se fera l’Europe.
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