C’est une histoire tragique que celle de la monarchie irakienne, née après la première guerre mondiale de la chute de l’empire ottoman et de l’habile diplomatie anglaise. Un livre vient de paraître à Londres qui raconte cette éphémère dynastie Hachémite mise en place en 1921. Gerald de Gaury , l’auteur de « Three kings in Baghdad » a été un témoin intime de la famille royale et un acteur de la politique britannique dans le monde arabe. Le roi Fayçal, fils du cheikh Hussein, émir de la Mecque, roi des Arabes et du Hedjaz de 1916 à 1924 et frère d’Adballah, roi de Jordanie , monta sur le trône d’un pays créé artificiellement et qu’on appela l’Irak et dont il n’était pas originaire. Il désirait donner une véritable indépendance au monde arabe sous la domination de sa famille, libérée de la tutelle des sultans. Il tenta de s’emparer de la Syrie mais la France l’en chassa. Les Anglais soucieux de contrôler les pétroles du golfe Persique eurent besoin de lui comme souverain de ce nouveau royaume entre Turquie et Perse. Il ne se montra pas difficile, étant très anglophile jusqu'à sa mort en 1933. Son fils Gazi fut au contraire un nationaliste arabe, favorable aux aspirations allemandes, passionné de courses et de sport. Il mourut dans d’étranges conditions d’un accident de voiture en 1939, laissant un fil de quatre ans, Fayçal II. Son oncle maternel , le prince Abdullilah, cousin germain du roi Gazi fut nommé régent. Cet homosexuel raffiné, grand amateur de chevaux et de séjours à Londres, réussit à concilier le modernisme et le développement de l’Irak sous protectorat anglais. La physionomie de Fayçal II, élevé à Harrow, inspira Abdallah le fils de l’émir qui joue avec le capitaine Haddock à Moulinsart dans l’album de Tintin "Coke en stock". Quand il prit le pouvoir en 1953, il dut affronter le nationalisme arabe l’accusant d’être un représentant des intérêts anglais. Ce n’était pas faux, mais en même temps le pays devenait le plus moderne du moyen-Orient. Faycal II afficha très nettement sa volonté d’être le leader économique et politique du monde arabe, devenant ainsi le rival de l’Egypte. Or, le nationalisme arabe fut galvanisé à partir de 1957 par la prise de pouvoir de Nasser qui venait de renverser le roi Farouk en Egypte et de s’emparer du canal de Suez, et la propagande soviétique. Un groupe d’officiers irakiens nationalistes et anti-anglais fomenta un coup d’état le 14 juillet 1958 et assassina le Roi, l’ancien régent et leur famille, ainsi qu’un un grand nombre de ministres et généraux. La république fut déclarée et le royaume d’Irak fut perdu. Et probablement une chance d’union de ce pays autour de la dynastie hachémite qui, très réaliste, a su allier et servir l’Islam, comme les empires ottomans, anglais et américains ainsi que le nationalisme arabe. Beaucoup d’Irakiens d’aujourd’hui considère ce temps comme l’âge d’or. La piste du retour à la monarchie a été examinée par les Américains et le prince héritier Gazi vit aujourd’hui à Londres, prêt à monter sur le trône d’Irak. Cette piste aurait peut être due être mieux explorée. Comme le dit le grand historien Philip Mansel dans la préface du livre : « The success of the hashemites’cousins in Jordan, the persistence of monarchies in the arabian peninsula and the emergence of neo-dynastic regimes in Iraq, Syria and, more recently, based on the familes od Saddam Hussein, Hafez-el-Assad and Hosni Mubarak, suggest that the regent Abdulillah’s belief that monarchy, with its spirit continuity, is « best for the east » is not unfounded ». Gerald De Gaury : Three kings in Baghdad, the tragedy of Iraq’s monarchy, preface by Philip Mansel, introduction by Alan de Lacy Rush, I.B. Tauris, Londres, New York, 2008.
vendredi 18 juillet 2008
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