vendredi 25 juillet 2008

Marseille port des galères


Marseille, « melting-pot » méditerranéen, ville de festivals et d’été, candidate au titre de cite européenne de la culture, a de tout temps été, à la fois, le port des galères du comte de Provence et de celles du Roi de France. Un seul homme s'occupe alors de leurs galères respectives : Jean de Villages, marié à la nièce de Jacques Cœur, capitaine général de la mer pour Louis XI, nouveau comte de Provence à la mort de ses oncles. Presque tous ceux qui lui succédèrent dans cet emploi, bientôt appelés "général des galères", furent des grands seigneurs français. Les Provençaux se laisseront ravir le généralat des galères, une des premières charges de la province devenue une grande charge de la Couronne.
Au XVIe siècle, les capitaines de galères à Marseille sont propriétaires de leurs galères, avec leurs agrès, leur artillerie et tout l'armement et quelquefois la chiourme et ils les mettent au service du Roi. Leur armement depuis le Moyen Age est celui d'une entreprise commerciale : bâtiment de commerce, la galère est aussi employée à la course ou louée à un souverain ou un chef de guerre. Les grands en possèdent plusieurs, le gouverneur de Provence, la famille des Baux, les Montmorency et nomment leurs capitaines, souvent des Italiens au début du siècle, puis de plus en plus de Marseillais. Celle du Roi ou du général est appelé la Réale. Les grandes familles marseillaises ont les leurs qui portent le nom de leur famille : La Renarde, la Pilles, la Valbelle, la Fourbine, la Montolieu. La noblesse marseillaise et provençale dominera le corps jusqu'à sa suppression se sentant investie d'une mission contre la piraterie sarrasine en Méditerranée qui contribua à leur assurer la maîtrise de la Méditerranée. Richelieu développa beaucoup les galères avec le bailli de Forbin, qu’il appelait l’"Oracle du Levant”. Ce dernier préconisa le rachat des galères à leurs propriétaires, ce qui sera fait de 1631 à 1662. Mais le plan de Richelieu de maintenir en tout temps 30 galères armées sur les côtes de Provence ne put être mené à bien. Il y en avait 22 à la mort du Cardinal.
Un autre amiral, le commandeur de Vincheguerre (+1656), est représentatif d'un clan marseillais et provençal rival des Forbin. Les Vincheguerre sont des parvenus corses (Vinciguerra) arrivés à Marseille avec les marchands et patrons de barques du Cap Corse. Ces Corses forment un réseau influent, surtout depuis que l'un d'entre eux Alphonse d'Ornano est devenu Maréchal de France et se fondent dans la noblesse marseillaise. Colbert et Louis XIV réorganisèrent le corps des galères en créant, à l'identique des vaisseaux, une école d'officiers, la compagnie des gardes de l'étendard réal des galères, en 1669. Les gardes de l’Etendard peuvent suivre avec les enseignes et les officiers au commerce les cours des Ecoles de construction navale et d'Hydrographie de Marseille, puis des cours de mathématiques et d’artillerie. Ils perçoivent une solde annuelle de 1.080 livres. C'est certainement une des raisons de l'attirance du corps des galères au sein de familles anciennes et peu fortunées.
Aux nombreux cadets, chevaliers de Malte, ou même de plus en plus aux chefs de familles, les galères offrent la possibilité de servir avec honneur, mais surtout dans un lieu de proximité six mois par an, car les galères ne naviguent que l’été. Ils peuvent passer six mois sur leurs terres, surveiller les vendanges et la cueillette des olives, y laisser leur famille et élever leurs enfants. La belle saison arrivée on emmène ses fils et neveux à Marseille pour les campagnes d'été au Levant, à Malte, sur les côtes provençales, italiennes et espagnoles, en Corse et en Sardaigne. Avec un peu de chance on aura une course, un combat, une tempête, connu une belle levantine ou une Maltaise peu farouche, de quoi rêver l'hiver au coin du feu. C’est à la mort du chevalier d'Orléans, Grand Prieur de France, fils naturel du Régent en 1748 que le corps des galères fut supprimé et réuni aux vaisseaux, car il n’avait plus de réelle utilité depuis que les enjeux maritimes étaient passés dans l’Océan atlantique, où elles ne pouvaient guère naviguer, donnant une nouvelle suprématie à l’Angleterre.

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