Le musée Carnavalet rend hommage au grand architecte Jules Hardouin-Mansart (1646-1708) avec une remarquable exposition organisée par l’historien de l’art Alexandre Gady et Jean-Marie Brusson, conservateur en chef des peintures du musée, et dans une belle mise en scène de Philippe Pumain. D’emblée on est en présence du personnage que Mansart s’est fabriqué. Cet Hardouin, fils d’un obscur peintre et d’une nièce de l’architecte François Mansart, fut son élève. Il eut l’heureuse idée, à sa mort en 1666, d’accoler son nom au sien, devenant Hardouin-Mansart, puis « Monsieur Mansart». La première salle de l’exposition est consacrée à sa représentation, portraits, gravures, bustes, médailles. Déjà, jeune, il est peint par Rigaud dans un habit bleu un peu royal, enveloppé d’un manteau noir et décoré de l’ordre de St Lazare et N.D. du Mont Carmel qui l’a anobli en 1682. Il a l’air arrogant et très content de lui. Mais il est représenté en architecte, un grand traité à la main, posé sur un compas et une règle. Le buste de Coysevox, saisit encore son ardeur. Puis les traits s’épaississent, les perruques enflent, l’ordre de Saint-Michel s’ajoute avec la pompe de ses costumes au fur et à mesure que sa carrière se déroule dans le sillage du Roi Soleil : premier architecte du Roi en 1681, inspecteur général des bâtiments en 1691, surintendant des bâtiments du Roi en 1699, presque un ministre ; il mourra en 1708, comte de Sagonne et colossalement riche. Son dernier portrait, par Rigaud toujours, n’est plus celui d’un architecte doué et ambitieux, il a tout l’apparat et la pompe d’un grand seigneur de la cour … cette cour si familière et pour qui il a travaillé toute sa vie. D’abord son chef d’œuvre, le dôme des Invalides. On voit les très rares plans d’atelier restaurés autour de la maquette des Invalides en écorché qui nous fait voir tout le génie de ce bâtiment, des proportions, de la décoration. A mon avis il tient en un trait de génie probablement inspiré par le Val de Grâce de son oncle : le « point dans l’axe » à la base du dôme lui même au-dessus du fronton de l’avant corps de l’église. Au lieu d’avoir une fenêtre centrale dans la perspective et l’axe du sommet du fronton, c’est un trumeau entre deux fenêtres. On a l’impression que le bâtiment tourne et cela lui donne élévation, légèreté et élégance. La question peut se poser de cette immense église vide et superbe en dehors de Paris. D’aucuns y voient un désir du Roi d’y établir un mausolée des Bourbons. En aucun cas ; le Roi était trop fidèle à la tradition royale de Saint-Denis, à l’idée d’une seule dynastie en trois races, la plus vieille lignée royale du monde de Clovis à Louis XIII, pour organiser un transfert de sépulture dans un lieu nouveau. Mais, montrer sa puissance et sa richesse dans une église qui rivaliserait avec Saint Paul à Londres ou Saint Pierre de Rome, oui. On voit même un projet de place prévue par Mansart avec deux bras ouverts…. Comme Versailles, la place des Victoires, la place Vendôme, aussi construits ou embellis par Mansart. Parmi les 150 documents montrés, maquettes, dessins, plans, photographies, les châteaux disparus sont les plus émouvants. Marly, le château le plus original de tout les temps, comme une espèce de Rotonda, petit palais carré autour d’un salon circulaire, entouré d’eau de toutes parts et orné de 12 pavillons qui se reflètent dans le grand bassin. C’est la folie de Louis XIV, où éclate son amour des jardins, des bois de la chasse, des chevaux et des chiens qui dormaient sans sa chambre. Très différent était Clagny offert à Mme de Montespan, dont on comprend enfin le luxe évoqué par Mme de Sévigné et la fameuse galerie. Mansart a aussi construit la maison de Saint-Cyr pour sa rivale, Mme de Maintenon, et travaillé pour le Dauphin, le prince de Condé à Chantilly ou de nombreux courtisans à Boufflers, Dampierre, et Paris. Comment faisait-il pour répondre à toutes ses demandes ? C’est un des secrets de sa réussite, il disait toujours oui, au Roi, à Louvois, aux Grands et son agence, avec son beau frère Robert de Cotte, fournissait des projets, les plans, les dessins . Cette force de travail, cette imagination et cette ambition frénétique l’ont aidé assurément. Mais surtout, il a su comprendre ce que voulait le Roi. Mansart est un symbole du Grand Siècle comme Colbert, Vauban, Louvois, Le Brun ou Rigaud. Ils ont construit cette France harmonieuse et classsique , cet art français de la mesure et de l’élégance, le baroque à la française. Il faut absolument aller voir cette exposition si vivante et remplie d’inédits.
L’exposition est présentée au musée Carnavalet du 3 avril au 28 juin 2009. Elle est ouverte du mardi au dimanche de 10h à 18h.
L’exposition est présentée au musée Carnavalet du 3 avril au 28 juin 2009. Elle est ouverte du mardi au dimanche de 10h à 18h.
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Après visite j'estime ce compte rendu pertinent
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