dimanche 17 mai 2009

WE NEED A ... CAMPION!




C‘est le film dont nous avons tous besoin en ce moment. Loin de la crise, d’Obama, des talibans, du conflit israélo-palestinien, de la grippe, des grippes ou de la « banane » du président, une petite merveille a surgi pour nous au festival de Cannes. Une étoile brillante au firmament de nos rêves et de notre imaginaire. Une histoire d’amour, anglaise en diable, un drame romantique, les amours et la mort du poète John Keats. « Bright Star » de Jane Campion, fera pleurer dans les chaumières. Certes, mais il nous donne deux heures de bonheur absolu grâce à un petit génie qui ne fréquente pas les réalisateurs et cinéastes français, celui du talent de la reconstitution historique. Je ne sais pourquoi ce génie si spécial adore l’Angleterre et le monde anglo-saxon. Le goût, l’amour et le respect de l’histoire ? Un peu des trois je pense, joints à la fierté d’un passé glorieux qu’on ne désire pas gommer comme en France en permanence. Je ne prendrai qu’un exemple, la cession de l’hôtel de la Marine, place de la Concorde, prestigieux palais qui l’abrite depuis plus de deux siècles est impensable à Londres. Si on avait eu besoin d’agrandissement, on aurait acheté les immeubles voisins ou construit une tour derrière, mais on aurait respecté et la propriété publique qui est la nôtre et les hommes qui l’ont hanté, ont construit l’histoire et donné un sens à ce lieu. De cela la France est incapable et encore moins sous la présidence actuelle. Et bien dans les films, c’est la même chose, on ne s’embarrasse pas des détails des reconstitutions, point de conseiller historique pour expliquer aux comédiens, pas seulement l’histoire, les faits, les dates et les caractères, mais le maintien, la démarche, le positionnement social, la lenteur de la vie du début du XIXe siècle, le temps… C’est tout ce que nous trouvons dans « Bright star ». Et surtout Jane Campion a trouvé un ton, le « ton » qui fait qu’on y croit, qu’on a remonté le temps…L’époque des phtisiques, des vraies jeunes filles, des amusements et jeux de société, des soirées familiales et musicales, de la découverte de l’amour qui se cherche, se vit, se réalise, s’amplifie et donne à un poète une muse, et à une jeune coquette une raison de vivre et de lire… C’est le temps qui passe et égrène les saisons dans des paysages, des intérieurs, une lumière qui sonnent si juste aussi . C’est d’une beauté issue des tableaux de Friedrich des paysages de Turner, des gravures en couleur de William Blake; comme historien, j’ai été subjugué par la beauté et la véracité de ce film. Abbie Cornish est une merveilleuse godiche préoccupée de rubans et de falbalas qui par jeu, puis par amour se métamorphose comme les papillons qu’elle élève. Ben Whishaw a cet aspect féminin, fragile et un peu ambigu des héros romantiques qui plaisaient tant aux femmes. Chopin ou Lucien de Rubempré. Jane Campion nous fait un très beau cadeau, un ton, une lumière, une histoire d’amour. Comme disaient ses fans en sortant du palais des Festivals : « We need a… Campion ! »

1 commentaire:

Luc a dit…

L'auteur du blog cultive la nostalgie, comme Campion!