samedi 28 mars 2009

God save the airport




There is a city in France where they are very intelligent. And of course ils pensent que we, the rest of the France, are very ploucards et retardataires. This town is Lyon. Déjà ils sont encore plus intelligents car ils ont un nom bi, je veux dire bilingue Lyon and lion it is the same in french and english, un animal rugissant et the king ....So quand on est so clever and royal on se doit de conquérir a new market and how : by english ! Of course, everybody speaks english, every tourist, traveller, customer…. Et donc il faut changer le nom ringard de «Aéroports de Lyon» et mettre son site internet en anglais, … heureusement qu’on engage des dircom – I don’t know the name in english sorry ! - qui sont aussi des penseurs, des stratèges et by un coup de magical baguette Aéroport de Lyon devient Lyonairports… musique s’il vous plait et Metro Goldwin Mayer ambiance in the fond... Un long interview on the web nous explique qu’un changement d’identité est nécessaire : «C’est l’aboutissement naturel d’une évolution profonde de l’entreprise, déjà bien engagée et qui va s’accentuer dans les années à venir. L’image véhiculée par Aéroports de Lyon ne correspond plus à sa réalité. Sa dimension de plus en plus internationale, avec plus de long-courriers, son ouverture à tous les segments de trafic comme le low cost, son dynamisme commercial, ses nouveaux services, son sens de l’accueil et sa qualité de service, sont autant de signes de ce changement. » But why now demande le complice websiteur : « Un trop grand décalage entre les actions accomplies et celles en cours introduirait un manque de cohérence dans notre démarche. Nos actions ont aussi besoin de visibilité, donc Lyonairports doit avancer. » (Musique de fonds God save the queen or Rule Britannia quoique Tiperary ne serait pas mal aussi….). Des mauvais esprits pourraient trouver qu’on risque de gommer notre identité française ? foin de ces ringardises : « Lyonairports est un puissant levier au service du développement économique de toute une région et contribue à son rayonnement international en étant visible et compris sous le nom qu’elle s’est choisi… C’est parce que nous avons profondément changé que nous changeons de nom. » Et voilà pourquoi votre fille est muette…. Nous apprenons qu’un comité de sélection de 12 membres réunis autour du directoire a choisi ce nom « international, compréhensible par tous, qui fait référence à notre ancrage territorial… court, aisément mémorisable qui peut facilement se conjuguer avec un rappel de l’activité concernée". Et surtout, the cherry on the top : « C’est un nom intemporel »….En conclusion il y a « une signature associée à la notion de plaisir, mémorisable, impactant ( I love impactant so modern !!!) Une signature construite sur les codes anglo-saxons, elle permet d’impliquer le choix personnel de la cible. Elle nous personnalise ». We could be very proud of autant d’intelligence et de sensibilité… mais comme l’état est actionnaire d’Aéroports de Lyon, le préfet du Rhône doit donner son accord and this man was not very happy at all… Dans un courrier du 20 mars dernier il demande le retrait d’une telle proposition, fustige l’utilisation de l’anglais, les dépenses prévues et son commentaire nous rassure : le bon sens francais n’est pas mort :
« Le préfet estime en effet qu'il est aujourd'hui plus essentiel d'ouvrir davantage Aéroports de Lyon à l'international, par une politique commerciale dynamique, que de n'engager qu'un simple changement de nom. Le choix de cette nouvelle signature, calquée sur les codes anglo-saxons, ne peut évidemment pas constituer une stratégie de communication adaptée aux enjeux d'un territoire dont l'économie représente 10 % du produit intérieur brut français. De plus, il juge inadmissible que certaines institutions sous-estiment à ce point le poids économique et culturel de la langue française et les valeurs qu'elle véhicule. Par ailleurs, cette démarche conduira inéluctablement à terme à effacer l'appellation et le logo Aéroport Lyon Saint-Exupéry et à se priver du coup de l'ensemble des symboles véhiculés par ce nom. Enfin, le préfet s'interroge sur le coût probablement élevé de ce changement de nom et l'opportunité d'une telle dépense en cette période de crise économique. » Merci M. le préfet !

vendredi 20 mars 2009

La vie d'une femme




La vie de Madame de Maintenon est un sujet de roman. C’est bien ce qu’avait ressenti Françoise Chandernagor quand son éditeur lui avait confié ce projet de biographie. Elle eut tout de suite l’envie d’écrire « ses » mémoires, de se glisser sous sa capuche noire, ses fontanges et ses dentelles et de devenir cette Françoise d’Aubigné, si décriée. Son éditeur, peu confiant, lui dit « Vous ne tiendrez pas 500 pages». Elle a tenu. Le style et le ton lui sont venus tout de suite et l’estime des historiens, accompagné d’un formidable succès de librairie, a suivi la publication de « L’allée du Roi ». Une adaptation à la télévision, une première transposition au théâtre avec Geneviève Casile il y a quelques années précèdent la reprise de ce spectacle au théâtre Daunou avec Marie-Christine Barrault qui l’a déjà fait un peu tourner autour de Paris.
Pendant deux heures et quart, nous voyons naître, grandir, aimer, gémir, Françoise d’Aubigné, la veuve Scarron, la mendiante, la protégée des grandes dames, la maîtresse de bien des grands, puis la gouvernante des enfants de Louis XIV et de Mme de Montespan, la protectrice de Saint-Cyr, la marquise de Maintenon surnommée Madame de Maintenant, l’épouse morganatique du Roi haie par Saint-Simon. Elle naquit au monde le soir d’une violente dispute avec Mme de Montespan, qui lui reprochait avec hargne sa pauvreté, et d’avoir trompé son mari estropié, ce à quoi sa veuve lui répondit « Qui n’a jamais péché me jette la première pierre ! » Pour éviter la fureur de la maîtresse royale, elle demanda au Roi la permission de se retirer. Le Roi lui accorda en lui disant haut et fort devant toute la cour : « Je vous sais un gré infini de toutes les choses que vous faites pour mon service… Madame de Maintenon… » la nommant ainsi pour la première fois, effaçant l’infamant « veuve Scarron » et lui marquant l’attachement qu’elle pressentait depuis un moment déjà. Devenue sa maîtresse au bord de la fontaine du château de Saint Germain, au cours d’une scène imaginée bien sur par Françoise Chandernagor, où Marie-Christine Barrault nous représente, et Madame de Maintenon et le Roi, elle franchit toutes les étapes de ce parcours presque sans faute qui la conduisit aux marches du trône… Marie-Christine Barrault n’interprète pas Françoise Chandernagor, elle est Mme de Maintenon. Nous sommes des voyeurs de son âme et de son cœur. Une vie se déroule devant nous, la vie. Nous goûtons un plaisir que nous donne seuls les bons textes et les grands comédiens. Le portrait en ombre chinoise de Louis XIV nous révèle le sens qu’il donnait à ses devoirs et à son pouvoir. Les spectateurs sanglotent quand elle raconte et joue la mort du Roi.
Marie-Christine Barrault est une comédienne généreuse et qui sème le bonheur qu’elle a récolté tout au long d’une vie remplie de belles histoires et répand autour d’elle l’énergie que Dieu lui a donné. Elle lui rend d’ailleurs souvent grâce dans de nombreux spectacles et lectures qu’elle enchaîne en France, en Suisse ou en Belgique. Comme au théâtre Daunou, il faut se retourner dans la salle pour voir le sourire des spectateurs, leur enthousiasme et leur adhésion. Car c‘est cela le théâtre, nous raconter une histoire à laquelle on croit en retrouvant notre âme d’enfant et nous donner envie, sortant, de lire ou relire Jean de la Croix, Saint-Exupéry ou George Sand.

« L’allée du Roi », de Françoise Chandernagor, mise en scène de Jean-Claude Idée, avec Marie-Christine Barrault, au théâtre Daunou, 7 rue Daunou, 75002 Paris, du mardi au vendredi à 20h30, le samedi à 17h et le dimanche à 15h30.

lundi 2 mars 2009

Le salon du livre de Casablanca





Il est de bon ton de dire dans l’édition à Paris que le livre se porte mal, que les retours des libraires de janvier ont été très importants, que le beau livre est atteint, que La Martinière prépare un énorme plan social…et pourtant le quinzième Salon International de l’Edition et du livre de Casablanca (SIEL) vient de se dérouler dans une atmosphère de fête populaire. Certes les problèmes sont là et pour le Maroc surtout celui des prix des livres : beaucoup d’éditeurs ou de libraires représentant des éditeurs étrangers proposent des livres à prix spécial sur lesquels se ruent les acheteurs. Des jeunes principalement, beaucoup de jeunes, en bandes, en famille ou avec leur école, parcourent les stands à la recherche de livres en arabe ou en français. Le monde arabophone est très présent même s’il y a une volonté manifeste de limiter les éditeurs religieux nationaux, iraniens, syriens ou égyptiens. L’Algérie et le Liban sont bien représentés. Le pays invité cette année était le Sénégal qui entraînait des pays voisins et renforçait l’aspect francophone. La France entretient au Maroc un des plus importants services culturels du monde, en plus du réseau d’Instituts et d’Alliance françaises. Elle disposait d’un grand stand avec des allures de paquebot. Cette année Antoine de Saint-Exupéry était à l’honneur pour célébrer l’aviateur écrivain et le Maroc dans sa vie et son inspiration. C’est le pays où il a le plus vécu après la France, avant les Etats-Unis ou l’Argentine. Il y a écrit « Courrier sud » et la « Lettre au général X… », rencontré le désert si présent dans «Terre des Hommes », « Citadelle », et « Le petit prince ». Le désert a été le révélateur de sa pensée. Selon Jean Huguet : « Il ne s’y est point rendu de lui–même, il a été choisi ». Des expositions et des films lui étaient consacrés, tant au salon même qu’à l’Institut culturel français ainsi que des conférences et tables rondes. On pouvait y rencontrer Bernard Chabbert, le grand journaliste spécialiste de l’aviation, l’historien François Gerber, auteur du remarquable « Saint Exupéry de la rive gauche à la guerre » qui nous prépare un « Mermoz », Alban Cerisier, des éditions Gallimard ou le traducteur du petit Prince en langue berbère. Une adaptation théâtrale du « Petit Prince » par Virgile Nastase et les diverses animations proposées enthousiasmèrent beaucoup ces jeunes. Mais les visiteurs du stand « France » furent également très intéressés par Pierre Assouline et son blog littéraire, et le prix Goncourt 2008, Atiq Rahimi remporta un véritable succès de librairie autour d’un vaste public. Casablanca est une ville nostalgique et mythique qui n’a pas un siècle. Dans la vieille Médina on trouve toujours les meringues rouges décrites par Saint-Exupéry à Charles Sallès, et dès qu’on en sort on est frappé par cet urbanisme « art nouveau », cette volonté de faire une ville moderne qui amène ici les architectes du monde entier. Pourtant ce patrimoine est absolument laissé à l’abandon, des destructions le menacent continuellement. C’est un passé colonial qu’on voudrait sans doute oublier. Des hommes et des femmes passionnés se battent cependant pour tenter de le préserver et le faire connaître. Certains ont collaboré au beau livre de Jean-Louis Cohen et Monique Eleb « Casablanca, mythes et figures d’une aventure urbaine » chez Hazan. On y retrouve l’hôtel Excelsior où descendaient les pilotes de l’aéropostale et son célèbre café, l’immeuble du Glaoui, rue Noly où habita « Saint-Ex » avec Consuelo en 1933… mais en face un immeuble entier vient de s’écrouler dans la plus grande indifférence. Espérons que ce patrimoine de livres aidera à sauver le patrimoine architectural de cette ville unique au monde.